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Pauline Le Duc

Mon travail s'organise autour de la métaphore corporelle. Par l'intermédiaire de formes organiques et d'un travail sur la matière, je tente d’invoquer de nouvelles sensations vis-à-vis du vivant. Mon intérêt porte sur des évocations émotionnelles et sensibles liées à mes propres représentations. J'essaye d'envisager ces formes et ces matières autrement que selon les codes normatifs qui structurent nos connaissances et l'expérience que nous en faisons. Par l’utilisation de diverses techniques, je tente de me réapproprier des matériaux : je cherche pour eux un nouveau langage, de nouvelles formes. J'utilise différents types de matériaux, certains sont d'origines distinctes et plutôt stables (colle, plâtre, peinture, mousse polyuréthane, vernis...), d'autres, d'origines organiques et plus changeants (crépine, os, cire, plumes...). J'essaye de les détourner, de les envisager comme des matériaux producteurs de formes. Il s'agit alors de questionner le processus créatif de mise en mouvement d’un matériau qui a une vie propre, qui évolue comme le corps et la chair. Ces deux genres de matériaux jouent simultanément l’ambiguïté d'une ressemblance et d'une différence avec les matières corporelles. Ils tendent à créer des formes et des matières parfois énigmatiques. L'«enjeu» consiste à laisser planer un doute quant à leur(s) origine(s) : le corps est à la fois proche et loin. Je travaille dans l'idée d'une étrangeté plus que dans celle d'un réalisme. Je propose une appréhension subjective, poétique, charnelle et ouverte aux transformations. C'est pourquoi, les éléments présentés ne figurent jamais vraiment une intégralité, ils ne sont pas non plus vraiment définissables. Cela me permet également de questionner la relation entre le vrai et le faux, comme si le mélange des genres induisait cette permutabilité, comme si le corps était d'abord une affaire de représentation où ses formes sont comme d'emblée déformées. L'humain, l'animal et le végétal y cohabitent souvent, comme pour révéler la perméabilité qu'il y a entre les genres ; je représente ces éléments tel quel ou m'inspire de leur forme, de leur ambiguïté, de leur matière. Pour reprendre les propos de Gilles Deleuze et Félix Guattari : «homme et nature ne sont pas deux termes l'un en face de l'autre […] mais une seule et même réalité essentielle du producteur et du produit».

Gestation

Bâche d’enrubanner, paille, branches de bois

Chez Marie-Josée et Georges Daries

L’ambiguïté entre l'image d'une terre-mère, accueillante et celle d'un environnement hostile, source d'agressions, m'a amené à penser cette masse en gestation.

Cette sorte de cocon évoque l'idée d'un potentiel devenir mais, placé dans un environnement extérieur il devient aussi quelque chose de vulnérable.

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