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Pique Nique

nappe Vichy, Delphine Tambourindeguy

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Le mot « pique-nique" apparaît au 18e siècle. Le terme désigne alors un repas commun, à l’intérieur ou à l’extérieur, pour lequel chacun cotise, apporte sa part de nourriture ou en fournit pour la collectivité. À l’époque préindustrielle, manger en plein air est pour certains une nécessité quotidienne liée aux conditions de travail, aux travaux des champs et pour d’autres un plaisir ou un privilège. Au 19e siècle, l’essor des chemins de fer amenuise les distances et le courant hygiéniste voit la nature comme un lieu de repos. La campagne devient alors une destination prisée des citadins avides de se ressourcer, et les repas de loisir en plein air deviennent de plus en plus courants. Alors que les ouvriers ‘cassent la croûte’ dans la grisaille des villes, les bourgeois s’en vont ‘déjeuner sur l’herbe’. Cependant, l’aristocratie voit d’un mauvais œil cette activité sociale sujette à un laisser-aller et un manquement à l’étiquette. Aujourd’hui c’est aussi le lieu du rapprochement avec la nature.

C'est à partir de ces réflexions que l’artiste souhaite revisiter de manière poétique l'idée de pique nique. Une toile de fond au sens premier du terme, puisque l'on pense directement au tissu sur lequel on s'installe pour déjeuner à l'extérieur, mais encore une toile de fond sociale qui révèle différentes époques, usages, classes sociales... Et qui réveillent évidemment à chacun des souvenirs, une mémoire collective forte. Elle travaille à partir d'une toile à imprimer vichy rouge et blanc, réminiscence du pique nique et l’installe à l'extérieur en incrustation directe sur les lieux. Son regard s'est arrêté sur une imposante souche d’arbre, présente sur l’itinéraire de Rapprochement #4. Cette "table naturelle" comme on peut la trouver au cours d'une balade en forêt évoque la recherche d'un coin adapté pour le pique-nique, d'une forme naturelle qui reprenne nos codes ou habitudes et autour de laquelle on puisse s'installer plus confortablement. Cette souche en question possède un dessin très marqué, éclaté qui renvoie à la carte, au plan d'une ville ou à une vue aérienne. Delphine Tambourindeguy incruste un tissus enduit autour de cette souche et en reprend le motif par découpe, telle une dentelle, la finesse d'un napperon sur une échelle augmentée. Ce travail, tout en évoquant un "manger nomade" encore au goût du jour fait référence aussi aux origines du pique nique et notamment au déplacement des citadins vers la campagne pour des moments de ressources.

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